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Eric Ng Shing et Roy Santana

Les véhicules électriques sont en train de transformer radicalement le secteur des transports, de redéfinir le marché de l'automobile et de refaçonner le commerce mondial du matériel de transport. À la fin de 2023, ces véhicules représentaient plus d'un tiers de la valeur des importations totales de véhicules.

Au cours des dernières années, on a constaté une augmentation spectaculaire des ventes de différents types de véhicules électriques — y compris les véhicules hybrides, les véhicules hybrides rechargeables et les véhicules entièrement électriques, mais ils n'étaient pas pris en compte séparément dans les statistiques commerciales. C'est pourquoi, en 2017, l'Organisation mondiale des douanes a apporté un amendement au système de classification des marchandises échangées — le (SH) a introduit de nouvelles catégories afin de différencier les véhicules traditionnels à moteur à combustion interne et les véhicules électrifiés.

Auparavant, le SH classait les véhicules de tourisme en fonction du nombre de passagers qu'ils pouvaient transporter, ainsi que du type et de la cylindrée de leur moteur à combustion interne.(1)

La classification des véhicules hybrides et hybrides rechargeables n'était pas simple, car ils sont alimentés par un moteur à combustion interne combiné à un moteur électrique. La classification exacte peut dépendre de la source d'énergie principale du véhicule et de caractéristiques spécifiques. Dans certaines économies, certaines voitures étaient classées dans la même catégorie que les véhicules traditionnels à moteur à combustion interne, ce qui rendait impossible l'établissement de statistiques comparables au niveau international.

L' du SH a permis de résoudre ces problèmes en créant des sous-positions pour les véhicules alimentés exclusivement par un moteur à combustion interne à essence, et d'autres sous-positions pour les véhicules alimentés exclusivement par un moteur diesel ou semi‑diesel (c'est-à-dire des véhicules n'utilisant pas de moteur électrique pour leur propulsion). Plus important encore, de nouvelles sous-positions ont été créées pour la classification et le suivi des véhicules suivants:

• Véhicules alimentés à la fois par un moteur essence et un moteur électrique, qui n'ont pas besoin d'être branchés sur une source d'électricité externe pour être rechargés (véhicules hybrides essence)
• Véhicules alimentés à la fois par un moteur diesel ou semi-diesel et un moteur électrique, qui n'ont pas besoin d'être branchés sur une source d'électricité externe pour être rechargés (véhicules hybrides diesel)
• Véhicules alimentés à la fois par un moteur essence et un moteur électrique, qui peuvent être rechargés en étant branchés sur une source d'électricité externe (véhicules hybrides rechargeables essence)
• Véhicules alimentés à la fois par un moteur diesel ou semi-diesel et un moteur électrique, qui peuvent être rechargés en étant branchés sur une source d'électricité externe (véhicules hybrides rechargeables diesel)
• Véhicules équipés exclusivement de moteurs électriques, alimentés principalement par des batteries ou d'autres sources, telles que les piles à combustibles (véhicules entièrement électriques)

Grâce à ces amendements du SH, la communauté internationale dispose à présent d'une ventilation détaillée des statistiques commerciales qui lui permet de suivre les échanges des différents types de véhicules électriques.

On trouvera une représentation graphique de la modification de ces positions et sous-positions du SH dans le , un ensemble d'outils élaboré par l'OMC avec le soutien de l'OMD.

Importations

Les données relatives aux importations entre 2017 et 2023 montrent une transition marquée vers les véhicules électriques en général (voir la figure 1). Au départ, les véhicules hybrides, hybrides rechargeables et électriques représentaient une fraction modeste de la valeur des importations totales de voitures, à savoir environ 2,5%, 0,8% et 1%, respectivement. Toutefois, le commerce des véhicules électriques s'est considérablement développé depuis lors.

Les véhicules hybrides et hybrides rechargeables ont enregistré une croissance constante, les véhicules hybrides ayant initialement connu une croissance plus dynamique après 2020. Toutefois, ce sont les véhicules entièrement électriques qui ont connu la plus forte croissance, avec une augmentation considérable de leur part des importations après 2020, ce qui rapproche la valeur des importations de celle des véhicules hybrides et indique une transition significative vers des modèles entièrement électriques.

À la fin de 2023, ces véhicules représentaient plus d'un tiers de la valeur des importations totales de véhicules. Bien que le taux de croissance ait connu un ralentissement en 2023, la tendance à la hausse prononcée en faveur des véhicules électriques, en particulier les véhicules entièrement électriques, démontre un changement substantiel de la demande et donne une idée de la direction que l'industrie automobile mondiale pourrait prendre à l'avenir.

La figure 2 révèle une croissance importante de la valeur des importations globales de véhicules électriques.

En 2023, les États-Unis étaient le premier importateur mondial de véhicules électriques, ses importations de véhicules entièrement électriques, de véhicules hybrides et de véhicules hybrides rechargeables s'élevant respectivement à 19 milliards d'USD, à près de 17,8 milliards d'USD et à 6,9 milliards d'USD. Ces chiffres représentent plus d'un cinquième de la valeur totale des importations américaines de voitures et témoignent d'une adoption croissante de la mobilité électrique.

Les importations de véhicules électriques ont également augmenté considérablement dans certains pays européens et en République de Corée. En particulier, la Belgique, les Pays-Bas, la Suède et la Suisse ont atteint un point de basculement où la valeur des importations de voitures électriques a dépassé celle des véhicules traditionnels à moteur à combustion interne. La Belgique et les Pays-Bas abritant les deux ports les plus actifs d'Europe, ils peuvent servir de point de transit vers d'autres pays européens.

Exportations

La figure 3 montre à nouveau une croissance importante du nombre d'exportations de véhicules électriques.

Si le nombre total de véhicules exportés est resté relativement stable, avec plus de 40 millions d'unités exportées en 2017, contre plus de 43 millions en 2023, un changement radical a été observé en ce qui concerne les types de véhicules exportés.

En 2017, l'Allemagne et le Japon étaient les principaux exportateurs de véhicules de tourisme, mais la proportion de véhicules électriques qu'ils exportaient était négligeable. En revanche, en 2023, environ un tiers des exportations de voitures de ces pays étaient des voitures électriques. En mettant davantage l'accent sur l'exportation de véhicules hybrides, le Japon est devenu le premier exportateur mondial de ces véhicules.

En 2023, la Chine est devenue le premier exportateur de véhicules de tourisme, avec plus de 5,4 millions d'unités exportées, dont environ 1,8 million d'unités — soit environ un tiers — étaient des véhicules électriques. Elle a exporté plus de 1,5 million de véhicules entièrement électriques, ce qui signifie qu'en 2023, un véhicule exporté de ce type sur quatre provenait de Chine.

Droits d'importation

La figure 4 suggère que certains Membres de l'OMC utilisent les droits de la nation la plus favorisée (NPF) comme outil pour accélérer la disponibilité de véhicules électriques, mais en établissant souvent une distinction selon le type de véhicule électrique. Si les 27 membres de l'Union européenne comptent pour un seul Membre de l'OMC, les données disponibles révèlent qu'un Membre de l'Organisation sur 3 autorise l'importation de véhicules entièrement électriques en franchise de droits.

Les véhicules hybrides et hybrides rechargeables bénéficient quant à eux d'un traitement en franchise de droits dans un Membre de l'OMC sur quatre, tandis que les véhicules à moteur à combustion interne ne bénéficient d'un traitement en franchise de droits sur une base NPF que dans un Membre de l'OMC sur six.

Si l'on tient compte uniquement des voitures neuves entièrement finies et que l'on exclut les ambulances et les corbillards, les données indiquent que 40 économies sur 123 appliquent des droits moins élevés sur les véhicules entièrement électriques que sur les véhicules à moteur à combustion interne, et que les économies restantes appliquent des droits égaux sur les 2 types de véhicules.

Cette structure tarifaire donne à penser que certains Membres de l'OMC orientent leurs politiques de manière à promouvoir l'adoption de véhicules hybrides et entièrement électriques plutôt que de voitures à moteur à combustion interne, tandis que d'autres Membres ne font pas de différence dans leur traitement tarifaire et peuvent utiliser d'autres types de politiques, telles que des subventions ou des règlements techniques, pour promouvoir une telle adoption.

• Télécharger les données

Note

1. Par exemple, les véhicules de tourisme conçus pour le transport de moins de 10 personnes et équipés d'un moteur à essence (“à moteur à piston alternatif à allumage par étincelles”) étaient classés dans les sous-positions 8703.21 à 8703.24 du SH, et ceux équipés d'un moteur diesel (“à moteur à piston à allumage par compression (diesel ou semi-diesel)”) dans les sous-positions 8703.31 à 8703.33 du SH. Les véhicules de tourisme équipés d'autres types de moteurs, y compris les véhicules entièrement électriques, étaient classés dans la catégorie résiduelle “autres” de la sous-position 8703.90. retour au texte